La République en Fêtes : charrette de Chateaurenard (13), défilé de Puyméras (84) © PhI

République en Fêtes

Explorons le Patrimoine des Festivités républicaines dans le Midi

Chateaurenard (13) Durance & République 1.8.21 © PhI
Chateaurenard (13) Durance & République 1.8.21 © PhI

La République Festive

Au cours du collectage de documents sur le patrimoine laïque du Midi, ces « Routes de la République« (1), avec des statues (Marianne…), des coopératives, des cercles, des arbres de la liberté ou de la laïcité, des frontons d’églises avec devise républicaine… nous avons découvert quelques fêtes républicaines qui persistent. Les media locaux ont été précieux ainsi que nos collègues historiens méridionaux, dont feu Maurice Aghulon, Jean-Marie Guillon et Maurice Mistre. Mais, le plus souvent perdurent des banquets et des apéros républicains. Donc, oublions les défilés militaires pour évoquer quelques fêtes républicaines plus originales et très populaires.

La charrette républicaine, la Madeleine a des charretières (13) Chateaurenard 7.8.22 © PhI
La charrette républicaine, la Madeleine a des charretières (13) Chateaurenard 7.8.22 © PhI

Commençons par une manifestation festive très rurale, une « carreto ramado » républicaine (charrette ramée, habillée de feuillages, de légumes du bord de la Durance et de 4000 glaïeuls rouges), avec une Marianne en tête, tirée par un attelage de plus de 80 chevaux de trait, guidés par des charretiers habillés en pantalon bleu, chemise blanche et taillole rouge, aux sons de la Marseillaise, de la Carmagnole et de l’Internationale. C’est à Chateaurenard, au nord du pays d’Arles, au sud d’Avignon, dans le « triangle d’or » du maraîchage (irrigué par la Durance) que défile chaque premier dimanche d’août, cette charrette de la Confrérie des Maraichers (ou de la Madeleine). C’est une des nombreuses « carreto ramado », dont la plupart sont religieuses, mais celle-ci se distingue par son républicanisme. Créée par le groupe des cultivateurs les plus modestes, les Maraîchers, elle était autrefois religieuse, et, a été laïcisée en 1907. Sur cette commune existent également : une charrette religieuse (St Eloi), et, une plus récente, neutre (donc laïque), Les Eclumes, animée par les habitants de La Crau, un hameau de la ville.

14 juillet, défilé avec la Marianne (84) Puyméras 14.7.22 © PhI
14 juillet, défilé avec la Marianne (84) Puyméras 14.7.22 © PhI

Allons plus haut, à l’extrême nord du Vaucluse, dans la petite commune de Puyméras, où nous avons pu participer, le 14 juillet, à un défilé où la Marianne est transportée par quatre jeunes, partant de la place de mairie et parcourant le village. Et le soir, se déroule, sur la place de la mairie, un banquet républicain, puis un bal républicain (et, en 2019, un concours du tee-shirt républicain) (2). Ces balades du 14 juillet où Marianne est conviée, existent encore dans sept localités, en particulier, à La Bastide, à Villeneuve-de-la-Raho et à la Boule-d’Amont, dans les Pyrénées-Orientales, et dans l’Hérault. Des cérémonies qui datent de la fin du XIXe siècle. « A St-Chinian, à Cruzy, à Cazouls-d’Hérault (34), on l’installe sur le balcon (ou le bord de la fenêtre de la mairie illuminée), avec des drapeaux tricolores […] où elle préside à toutes les réjouissances de la fête nationale ». Enfin, au Canet (Hérault), lors de la retraite aux flambeaux, le cortège s’arrête devant la statue de Marianne, la fanfare joue la Marseillaise, reprise en cœur par la population, puis un musicien entonne l’Internationale… ».

Marianne fêtée 14 juillet 22 Mèze (34) Olaïc & CALM - Laicite.fr Midi
Marianne fêtée 14 juillet 22 Mèze (34) Olaïc & CALM – Laicite.fr Midi

Ces manifestations attestent que l’on allier les traditions, les valeurs républicaines et l’engouement populaire. Par contre, on constate trop souvent un fréquent manque d’imagination de municipalités qui préfèrent animer leur commune avec un retour (ou une continuation) à une « tradition » le plus souvent cléricale (procession) au lieu d’explorer l’histoire de leur commune et de leur région. Car, aux côtés des fêtes de tradition religieuse, quelques fêtes républicaines et de nombreuses fêtes païennes, des vendanges, du blé, du riz…

Enfin, pour conclure cette petite illustration de la « République festive » on peut approfondir le sujet avec les travaux de Maurice Agulhon, de Mona Ouzouf, de Evelyne Duret et de Olivier Ihl. L’idée républicaine peut être festive, populaire, laïque, créer du lien social et du sens. PhI

La République en Fêtes : charrette de Chateaurenard (13), défilé de Puyméras (84) © PhI
La République en Fêtes : charrette de Chateaurenard (13), défilé de Puyméras (84) © PhI

Notes (et références complètes sur les versions papier/électronique, réservées aux soutiens)

(1) « Les Routes de la République. Patrimoine Laïque dans le Midi », document au format pdf de 4 ou 5 pages, Ph. Isnard, éd. Laïcité & LP, 5.2.05 – Laicite.fr Midi

14 juillet '22 Puymeras (84) départ défilé de la Marianne © PhI
14 juillet ’22 Puymeras (84) départ défilé de la Marianne © PhI

création, 8.11.20Contact : midi(a)laicite.fr – 06 52 27 09 38 84(a)laicite.fr

Chaudun (05) village abandonné et mediatisé, Laicite.fr

Chaudun 05

Un village abandonné des Hautes-Alpes, près de Gap et du du Champsaur (05), Chaudun, vendu en 1895 par ses habitants à l’Etat (repris par les Eaux & Forêts, ancêtre de l’ONF, Office National des Forêts) car y vivre devenait impossible. Un journaliste et un documentarisme ont raconté cette histoire (et deux romanciers s’en sont inspiré).

14.8.11 Pays Basque © PhI

Histoire en Images

« Chaudun. Les déshérités de la nature, 2022, François Prodromidès 6.8.24, Arte.tv (dispo jusqu’au 11.11.24) « [] Narré par Marina Hands, ce documentaire éclaire les enjeux politiques et sociaux d’un désastre écologique aux résonances très actuelles [] En octobre 1888, poussés par la misère et la déforestation, les habitants de Chaudun, village de 112 âmes perché dans les Hautes-Alpes, écrivaient au ministre de l’Agriculture pour proposer la cession de l’entièreté de leurs terres à l’État. Un peu moins de sept ans plus tard, ils abandonnaient définitivement les lieux pour laisser place à une armée de fonctionnaires de l’administration des Eaux et Forêts. Dans les décennies suivantes, tandis que les Chauduniers réinventaient leur vie dans la région, en Algérie ou aux États-Unis, les ingénieurs du service de restauration des terrains de montagne (RTM) menaient, en les documentant, de vastes opérations pour replanter la vallée. [] Les habitants de Chaudun étaient-ils vraiment responsables de la dégradation de leur environnement ? Ont-ils été victimes d’une « reprise en main » des territoires de montagne par les élites de l’époque, qui entendaient soumettre la nature, comme la société tout entière, au progrès ? [] »

Entretien. Chaudun, les déshérités de la nature : un documentaire revient sur la vente du village, 6.8.24 LeDauphine.com (05), Flavien Osanna. « François Prodromidès s’est inspiré du livre de Luc Bronner, “Chaudun, la montagne blessée”, pour réaliser “Chaudun, les déshérités de la nature”. Ce documentaire de 54 mn sera diffusé pour la première fois sur Arte, mardi 6 août, à 23h30. En 1895, ne parvenant plus à assurer leur subsistance dans un environnement épuisé, les habitants de Chaudun, à Gap dans les Hautes-Alpes vendaient leur village à l’État. En partant de cette histoire, comment avez-vous construit votre documentaire ? François Prodromidès : « Mon point de départ a été la lecture du livre de Luc Bronner [« Chaudun, la montagne blessée », NDLR]. Cela m’a passionné et aussi interrogé par bien des aspects. Je suis d’abord allé en repérage à Chaudun ; une fois avec Luc Bronner, puis seul. Au fur à mesure que j’avançais dans l’écriture et la réalisation du film, je me démarquais petit à petit du livre avec une interprétation de l’histoire un peu différente. » [] Des Gapençais ont participé à la réalisation de ce documentaire. Christophe Rosanvallon et l’équipe d’Air Libre Prod ont tourné des images de Chaudun en hiver. []« 

Chaudun (05) village abandonné et mediatisé, Laicite.fr
Chaudun (05) village abandonné et mediatisé, Laicite.fr Midi

Histoire en Textes

Outre le récit de Luc Bronner, il existe deux romans qui ont pour décor cette histoire. Luc Bronner, a grandi dans ce coin des Hautes-Alpes, randonneur, directeur des rédactions du Monde, il a procédé à de vastes recherches pour élaborer son récit.

Chaudun, la montagne blessée, Luc Bronner éd. du Seuil 10.20 (et poche), 167 pp. 17 €, ISBN 9782021439540. « Vous montez un col, traversez une forêt, longez une rivière. Au fond de la vallée, les restes d’un village, des blocs de pierre brisés, presque rien : ci-gît Chaudun, village maudit qui fut vendu en 1895 par ses habitants à l’administration des Eaux et Forêts. Trop d’hommes et de femmes, trop de bêtes à nourrir. Au fil des ans, la plupart des bois ont disparu, ravagés par des coupes excessives. La vallée est exsangue, les pâturages inexploitables. Comme un torrent en crue, le récit de Luc Bronner charrie et recompose toutes les traces du passage des hommes et des femmes dans leur intimité et jusqu’à leur fuite inéluctable []« 

Moustiers (04) 24.4.21 © PhI

création, 17.8.24gap(a)laicite.fr06 52 27 09 38 Aidez le site Laicite.fr Midi, don sur HelloAsso

© MAS (30) Bagnols-sur-Cèze, coll. 30@laicite.fr Midi

MAS 30 Bagnols

Connaissez-vous la MAS de Bagnols-sur-Cèze (Maison des Alternatives Solidaires) fondée en 2009 par six associations* en équipe (dont l’UFAL de Bagnols-sur-Cèze) ?

Non… eh, bien ! Allez faire un tour sur son site mas-bagnols.comfacebook [* Six associations : Peuples Solidaires, ATTAC Gard Rhodanien, Entraide Protestante, Femmes Solidaires, UFAL Familles Laïques, Riposte] tél. 04 66 39 46 29 – mas-bagnols(a)orange.fr – MAS, Espace Paul Ulmann 188, av. Vigan Braquet 30200 Bagnols-sur-Cèze.

MAS, Maison des Alternatives Sociales (30) Bagnols-sur-Cèze
MAS, Maison des Alternatives Sociales (30) Bagnols-sur-Cèze

Sa charte ?

Elle s’inspire de la charte du Forum Social Local de la région bagnolaise : « La Maison des Alternatives Solidaires de la région bagnolaise est un espace pluriel et diversifié, non sectaire et non partisan mais qui cherche à bâtir un monde plus juste et plus solidaire.
Elle sera un lieu privilégié de rencontre et d’échange, de mixité sociale, de mutualisation des moyens humains et matériels, de création, de recherche et d’alternatives. Elle aura pour but de créer et de développer du lien social et de la solidarité à travers toutes les couches de la population.

Sa réalité chiffrée en 2023 ?

Du café, au resto, à l’épicerie, il y a trop à dire : 6075 repas servis, 2125 participations aux ateliers…

Ce qui se vit et ne se voit pas forcément ?

De très beaux temps de rencontre :

Par exemple, au café du mercredi matin, jour du marché, où les dialogues se nouent et se dénouent, au fil du temps et des envies.
Par exemple lorsque se mélangent au repas dames âgées et gens de la rue, chacun portant son passé, ses fatigues et ses rêves, handicapés et formateurs, gens de passage et usagers depuis la création de l’association, financeurs et financés…
Par exemple encore dans le livre Bribes de Vie, livre écrit et relié sur place, recueil de passés pas toujours simples.
Par exemple, le jour où des élèves du lycée professionnel voisin qui viennent, curieux ou parfois réticents, partager un atelier d’écriture, tous âges confondus, tous styles confondus, et avouent les colères éprouvées devant les jeux vidéo, et qui sortent de là, fiers du travail commun… le jour où les adultes découvrent ce monde nouveau qu’ils cerneront désormais un peu mieux…

© MAS (30) Bagnols-sur-Cèze, coll. 30@laicite.fr Midi
© MAS (30) Bagnols-sur-Cèze, coll. 30@laicite.fr Midi

Ci-dessous une de leurs réalisations collectives

La colère, / C’est quand on me harcèle, / Qu’on me dépasse, / Qu’on me prend ma place, / Qu’on me coupe la route, / C’est quand il y a des injustices,

La colère, c’est quand mon mari hurle, hurle, / Me hurle dessus / Alors que je téléphone, / Que je téléphone / À mon fils,

La colère c’est quand des enfants crient, / Des enfants dans le bus, / Et je voudrais tant les jeter, / Les jeter par la fenêtre

La colère, c’est quand j’ai reçu une pomme / Dans le dos / Par un garçon de mon école / Jaloux, / Jaloux de voir sa sœur sur mon porte-bagage,

La colère c’est aussi quand on m’a volé / Mes papiers, / Ma carte bancaire / Dans mon sac.

La colère, c’est quand la surveillante / Me confisque mon journal / Mon journal personnel / Et le donne
A la direction, / La colère, c’est le jour, / Le jour où une amie m’a menti.

Le jour où on a mangé mon tacos,

Le jour où j’ai perdu au jeu vidéo Algérie / Et aussi la fois où mon pote Swan / Est mort sur Fortnite / Que j’ai commencé à le danser / Et que j’ai reçu une balle / De snipper dans la tête / Dans ma tête

Et moi le jour / Où j’ai perdu / Une partie Bravel Stars / Contre Samy / Le jour où on pariait des dragibus

Et moi, le jour où Marseille a perdu contre Annecy

Et moi, j’ai eu la rage / Quand j’ai cassé ma télé / Dans ma chambre.

Et cette fille que je connais, elle a la hargne / Parce que sa mère l’a défoncée…

Et lui quand il était chez le docteur / Et que le docteur l’a obligé à se dépêcher,
Il rageait de colère. / Pour lui, c’est impossible.

Et lui aussi il est furieux / Il a raté son train / Pour rentrer chez lui / A Propora.

Et moi, c’est le jour où un humain / Constitué de CO² / A balancé à ma sœur / Ce que j’avais fait.

Et la colère / La colère, je l’ai sentie / Le jour où j’ai reçu mon diplôme, Le jour où j’ai été trahie par ma famille,

Et je l’ai ressentie / Parce que j’étais pauvre

Je hais les injustices / Je hais / Les injustices sociales.

25 nov. '17 Arles (13) Contre les Violences Faites aux Femmes © PhI

Bagnols-sur-Cèze

WikipédiaMunicipalitéMAS (liste des associations de la ville de Bagnols) –

14.8.11 Pays Basque © PhI

Pour contacter l’UFAL Familles Laïques de Bagnols-sur-Cèze : 30(a)laicite.fr (qui fera suivre), voir aussi UFAL, liste des associations de Bagnols : UFALUFF Femmes SolidairesMAS…) –

création 4.6.2430(a)laicite.fr06 52 27 09 38 Aidez le site Laicite.fr Midi, don sur HelloAsso .