La Libre Pensée de St-Rémy (13) par Maurice Turc © PhI Laicite.fr Midi

Censure à Saint-Rémy (13) ?

Lettre Ouverte aux élus de Saint-Rémy-de-Provence (refus d’une publication historique sur la libre-pensée locale)

 

Chevalier de la Barre martyr des libres-penseurs © Laicite.fr

Chevalier de la Barre martyr des libres-penseurs © Laicite.fr


Maurice Turc, Saint-Rémois de naissance et de cœur
Saint Rémy, le 19 mars 2012.

. Livre LP St-Rémy (13) la Raison Saint-Rémoise

Lettre Ouverte aux élus de Saint-Rémy-de-Provence

Vous m’avez fait l’honneur de publier en 2005 une monographie sur le Cercle Démocratique de notre ville, texte que je ne vous avais pas soumis auparavant, inaugurant la collection des cahiers de Saint Rémy. Il était logique de continuer par un second tome en explorant l’histoire de la sociabilité de notre ville qui fut à tout point remarquable. C’est ainsi, que j’ai proposé en 2008 à Monsieur le Maire et à son adjointe chargée de la culture, une monographie sur la «  Raison Saint-rémoise », une histoire passionnante sur la Libre Pensée dans notre ville. C’était aussi rendre hommage à Marcel Bonnet qui avait écrit un texte non publié sur ce sujet.

Mais surtout, c’était mettre en exergue nos prédécesseurs qui avaient lutté pour défendre les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, et ce depuis plus de 150 ans. De plus, grâce aux archives personnelles de Marcel Bonnet nous pouvions présenter la totalité des testaments philosophiques de ceux qui choisirent par anticléricalisme d’être enterrés civilement. Le premier enterrement civil dans notre ville fut celui – symbole très fort – d’une femme, en 1891. Cet anticléricalisme n’était pas antireligieux, c’est beaucoup plus subtil que cela.

Par une lettre datée du 27 janvier 2009 à Monsieur le Maire (jointe au dossier) je l’informais des avancées de ma recherche. Plusieurs rendez-vous avec Monsieur le Maire et l’adjointe chargée du dossier furent établis pour valider le projet (voir les courriels joints). Des rencontres eurent lieu avec Olivier Lambert (historien qui avait déjà réalisé la maquette du Cerce démocratique). Celui-ci fut chargé d’établir des devis qui furent validés par Madame Martine Lagrange qui choisit l’imprimerie locale Lacroix. Monsieur Lambert se mit donc au travail. Par souci d’honnêteté je pris la décision de soumettre l’ébauche de mon texte à l’élue référente en septembre 2011. N’ayant reçu aucune remarque en décembre de la même année, je la remis à Monsieur le Maire pour discussion éventuelle si nécessaire. Un mois plus tard, Monsieur le Maire et son adjointe me demandèrent à la demande de quelques élus de prévoir une réunion pour répondre à des questions touchant le fond et la forme. Celle-ci fut fixée avec l’historien chargé de la maquette le samedi 11 février, date libre pour tout un chacun. La réunion fut annulée un jour auparavant, sans aucune explication.

J’ai appris par un coup de téléphone personnel de Monsieur le Maire, le 16 février 2012, que la majorité du conseil municipal (sans l’avis de l’opposition) y était défavorable et que donc, la publication était annulée. Il me demanda cependant, de vous faire une lettre. Ce que je fais bien volontiers pour vous exprimer ma stupeur et ma déception.

Un étonnement tout d’abord, car les valeurs républicaines sont aujourd’hui bien mises à mal. La laïcité pose questions, le Président de la République affirmant au Vatican que le prêtre est plus important que l’enseignant. Les valeurs de la République méritent  donc d’être réaffirmées et de nouveau explicitées, à la lumière de ceux qui fondèrent la «   Raison saint-rémoise «   il y a plus d’un siècle.

Une déception ensuite, car il me semblait naïvement que des engagements pris par les premiers des élus municipaux de gauche – et ce à plusieurs reprises – seraient honorés. C’est pourquoi, un journaliste de la Provence fit état le 14 janvier 2012, de la future publication municipale.

Je me vois donc dans l’obligation de divulguer publiquement ce revirement inexpliqué et injustifiable. J’ai édité «  la Raison Saint-rémoise « à compte d’auteur – de façon plus modeste, comme je l’avais fait, en 1993 quand Monsieur Pampaloni, alors Maire de notre ville, avait refusé de publier la monographie sur le monument érigé à la mémoire des 185 saint-rémois morts lors de la Grande Guerre. Je vous signale en outre, que j’avais offert des séries de trente exemplaires du livre à tous les établissements scolaires de notre ville (écoles primaires, collège et lycée agricole) ainsi qu’aux élus.

Dois-je en conclure que la véritable raison du non respect de vos engagements à 15 jours de la remise définitive du manuscrit à l’imprimeur, est plus prosaïque, plus grave et plus choquante ? Car elle a, je crois, un fondement archaïque, le soi-disant complot judéo-maçonnique cher à Pétain et à Laval, responsables de la collaboration avec l’Allemagne nazie.

Que vous le vouliez ou non, depuis le XVIIIe siècle la plupart des grands penseurs et des grands politiques furent des francs-maçons : Voltaire et Condorcet qui réforma l’enseignement, puis  un siècle plus tard pour la conquête de la liberté, de la justice et de l’égalité avec les républicains Jules Ferry, Jean Macé, et enfin au XX siècle avec  Léon Blum, Jean Zay (ancien ministre fusillé par la Milice) et Pierre Mendès-France.

En outre, je vous rappelle que vous avez reçu, il y a quelques années un ancien ministre : Roger Bambuck (vous lui avez même remboursé le prix du voyage ) qui est lui aussi membre du Grand Orient de France. Sans parler aujourd’hui de Jean Luc Mélenchon, Vincent Peillon ou Xavier Bertrand membres de la franc-maçonnerie.

Pour répondre à la seule question posée par Monsieur le Maire, tous les francs-maçons de notre ville cités dans le texte ou leur famille, s’ils sont décédés, ont donné leur accord pour qu’ils le soient. Monsieur Claude Mauron, fils de Charles Mauron – ancien Maire – a également donné son aval pour que le testament philosophique de son père soit publié.

Mesdames et Messieurs les censeurs, je vous adresse un salut bien républicain.


La Libre Pensée de St-Rémy (13) par Maurice Turc © PhI Laicite.fr Midi

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Note(s)

  • « (…) un journaliste de la Provence fit état le 14 janvier 2012, de la future publication municipale (…) ».

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