Colloque international des associations de prévention sectaire d’Europe (FECRIS).
Le colloque international annuel de la FECRIS s’est tenu le 24 mars 2014 à Bruxelles, dans la salle des congrès de la chambre des représentants au palais de la nation, en association avec AVISO : Aide aux victimes des sectes (www.aviso-asbl.be). Le thème était :
« Sectes et le faux débat des Droits de l’Homme »
En introduction, André Frédéric, président d’AVISO, député fédéral, souhaite la bienvenue à l’assistance et exprime tout l’intérêt de la Belgique à s’inspirer de la loi About-Picard française et la nécessité d’organismes de protection des victimes devant l’augmentation des plaintes et les procès en cours. Tom Sackville, président de la FECRIS qui célèbre son XXe anniversaire, réaffirme la nécessité absolue de contrôler les sectes : très peu d’Etats s’en préoccupent et on prête davantage attention au pont de vue des sectes qui réclament le respect de leur liberté au lieu de considérer les problèmes posés par les sectes au regard des droits de l’Homme.
Le milieu de la santé est particulièrement infiltré par les sectes : c’est une « zone de vulnérabilité manifeste pour l’emprise mentale ». Laurette Onkelinx (vice-première ministre et ministre des Affaires Sociales et de la Santé Publique) indique qu’elles profitent des vides juridiques et de la faiblesse des gens (25 % des signalements en Belgique). Il est indispensable d’encadrer strictement la formation des psychothérapeutes, ostéopathes, acupuncteurs, etc. Laurent Chambaud (docteur en médecine, inspecteur général des affaires sociales, Rennes, France) constate depuis les années 70 une contestation de la médecine officielle, un refus des vaccins et autres soins. Les gens se tournent vers des pseudo-solutions, [vues sur] internet, ce qui retarde ou annule les chances de guérison. D’où une explosion de maladies qu’on croyait enrayées (tuberculose…). Le peu de temps consacré au malade l’incite aussi à chercher, ailleurs, une écoute.
Luc Williams, président du CIAOSN, aborde le problème de la liberté de croyance : prolifération de mouvements « religieux » qui profitent de la liberté religieuse devenue un concept large qui empêche les gouvernements d‘intervenir : le concept devrait être défini. Pourquoi les religions ont-elles un statut particulier (causes historiques) ? Elles devraient être traitées comme toute association, pouvoir être contrôlées (finances et fonctionnement) : on devrait défendre les personnes et non les mouvements.
Serge Blisko, président de la MIVILUDES, explique comment les sectes agissent contre les droits de l’Homme. Le mot « secte » n’a pas de définition juridique en France. On parle de « dérives sectaires » car le phénomène se retrouve dans tous les groupes, y compris les religions reconnues. Il s’agit d’une emprise mentale, la sujétion d’un individu ou d’un groupe qui perd ainsi son libre arbitre, sa conscience est captive. Se pose le problème de la liberté d’adhésion : au nom de quoi peut-on intervenir ? Il s’agit de défendre l’individu : c’est le devoir de l’Etat de protéger les citoyens, surtout les faibles (enfants, malades…)
Problème : les droits de l’Homme sont invoqués par les minorités discriminées (Hans-Werner Carlhoff, Allemagne) et sont soutenues par des décisions parlementaires. Or ces groupes ne respectent pas les libertés individuelles, les droits de l’Homme, leur but est de créer un nouvel ordre social : il faut identifier les dangers et assurer l’ordre des valeurs.
Le témoignage de Charles-Henri et Christine de Védrines a constitué un moment très fort de cette journée : ils ont raconté le calvaire de leur famille (les « reclus de Montflanquin ») pendant 10 ans, le processus de séduction-captation par un individu (Tilly). « L’intelligence est neutralisée au profit de l’affectif ». Parfois un déclic permet de se libérer mais il faut surtout une aide extérieure.
Selon Sandro Santini (Luxembourg) « les sectes sont à la conquête du monde ». Elles utilisent tous les moyens modernes pour séduire les jeunes, les gens isolés, ceux qui cherchent un sens à leur vie…
Au niveau de l’UE (Marcel Conradt, historien) il n’y a pas d’études des mouvements sectaires au nom de la liberté de pensée, il n’y a pas de politique. Le pluralisme religieux est reconnu, c’est un droit fondamental. Un rapport de juin 2013 réaffirme la protection des religions, lesquelles sont opposées à toute mesure anti-sectes.
David Clark, représentant de la FECRIS à l’ONU, New York, retrace l’historique des défenseurs des sectes et de tous ceux qui les protègent au mépris de la dignité humaine des victimes. Ils ont des moyens très puissants.
Luis Corvaglia (Italie) évoque l’argument du « libre choix de l’esclavage » : nul n’est contraint à entrer dans une secte…
Conclusion : Qui est protégé ? les religions ou les individus ? Les droits de l’Homme sont utilisés par les sectes qui trouvent des défenseurs puissants y compris dans les organismes internationaux. L’aide aux victimes devrait être organisée au niveau international.
Catherine Lefèvre (Marseille), est administratrice du GEMPPI, membre-fondatrice de l’UFAL Familles LAÏQUES 13, de Laïcité l’Observatoire PACA, et de la Coordination Marche Mondiale des Femmes 13-PACA (cmmf13paca(a)yahoo.fr –06 51 16 38 72)..
Associations de Prévention Sectaire
- » GEMPPI.org «
- » FECRIS.org/fr «
- » UNADFI.org «
- » AVISO-asbl.be «
- » MIVILUDES, derives-sectes.gouv.fr «
création, mars 2014